Chaitanya, l'Avatar d'Or
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Les très nombreuses personnes qui tiennent le corps pour le soi se livrent à maintes actions intéressées, dont les ablutions rituelles et les activités matérielles de tous les jours. Cependant, au contact d'un pur dévot, elles aussi adoptent le service spirituel et absolu du Seigneur. Même ceux qui identifient le corps au soi, ou nourrissent mille désirs matériels, sont également, dans un sens, atmarama. Au contact de purs dévots du Seigneur, ils abandonneront en effet leurs aspirations temporelles et deviendront parfaits dans le service du Seigneur. Le Hari-bhakti-sudhodaya (texte sacré) nous en offre le meilleur exemple dans ces mots de Dhruva Maharaj (grand dévot du Seigneur) :

« Cher Seigneur, je t'ai adoré dans le but d'obtenir un domaine terrestre, mais par bonheur, je t'ai obtenu, toi, qui échappes à la perception même des grands sages et saints. En quête de bouts de verre sans valeur, j'ai découvert un joyau aussi précieux que Toi. Désormais comblé, je n'aspire à rien d'autre. »

Le mot nirgrantha peut également signifier « chasseur peu intelligent » ou « homme misérable ». Citons ici, à titre d'exemple, l'histoire d'un chasseur qui trouva le salut et s'engagea dans le service dévotionnel du Seigneur grâce au contact du pur dévot qu'est Narada. Voici son histoire. Un homme chassant dans la forêt de Prayag eut le bonheur de rencontrer Narada. Le sage venait de rendre visite au Seigneur Narayane, à Vaikuntha, et se rendait à Prayag pour faire ses ablutions au confluent du Gange et de la Yamuna. Alors qu'il traversait la forêt, il vit un oiseau gisant au sol à moitié mort, transpercé d'une flèche et pépiant pitoyablement. Plus loin, il aperçut un daim qui se tordait de douleur, puis un sanglier et un lièvre, tous en proie à d'atroces souffrances. Sa compassion ainsi éveillée, il songea : « Mais quel insensé a pu commettre pareils crimes ? »

En effet, si les dévots du Seigneur sont généralement sensibles aux souffrances d'autrui, que dire du grand sage Narada ?

Profondément affligé par les scènes désolantes qui s'offraient à sa vue, il poursuivit sa route et trouva un peu plus loin un chasseur armé d'un arc et de flèches. Le teint d'encre et les yeux de sang, il était aussi menaçant qu'un serviteur de Yamaraja, la mort personnifiée. Pénétrant plus avant dans la forêt, Narada Muni s'avança néanmoins vers lui, et à son approche, tous les animaux prisonniers des pièges du chasseur s'enfuirent. Furieux, ce dernier s'apprêtait à injurier Narada, si ce n'est que l'influence du saint homme le rendit impuissant à proférer la moindre insulte.

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