Il est écrit dans le Hari-bhakti-sudhodaya (livre sacré) :
« Ô âme magnanime, malgré les nombreuses failles inhérentes à cette misérable existence, il est une chose glorieuse, à savoir la compagnie des purs dévots. Recherche donc leur présence, qui a pour effet d'étancher la soif de libération. »
Chez l'être humain, la peur naît d'une conception matérielle de l'existence et de l'oubli de sa relation éternelle avec le Seigneur Suprême. Sous l'emprise de l'énergie matérielle, il n'a plus, en effet, que des souvenirs dénaturés. Ainsi toute personne dotée d'une intelligence suffisante s'engagera pleinement dans le service de dévotion, tenant le Seigneur Suprême pour son guide spirituel et l'objet de son adoration. En conclusion, personne ne peut révolutionner sa vie sans adopter le service du Seigneur. Et ce n'est que lorsque l'on est effectivement lavé de toute souillure matérielle que l'on peut se consacrer entièrement à la conscience de Krishna. Celui ou celle qui pratique le service de dévotion afin de saisir la réalité telle qu'elle est, mais sans la moindre intention de pénétrer la conscience de Krishna, ne récoltera que peines et misères, et sa vie restera dénué de substance. Tout être vivant est partie intégrante du Seigneur Suprême et doit par conséquent le servir, Lui le Tout Absolu. Privé de ce service, l'être ne peut que sombrer dans la fange matérielle.
Le Seigneur Chaitanya conclut en disant que les six classes de spiritualistes adoptent le service dévotionnel de Krishna sous une forme ou une autre. En d'autres termes, avec le temps, tous les spiritualistes en viennent à saisir la nécessité de servir Krishna avec dévotion et de devenir pleinement conscient de Lui. Cela dit, tout un chacun peut adopter le service de dévotion du Seigneur, qu'il soit très érudit ou on ne peut plus excentrique.
Les six classes de spiritualistes sont : le néophyte, le spiritualiste confirmé, celui qui est déjà établi dans la transcendance, celui qui aspire à la libération, celui qui est d'ores et déjà libéré, et celui qui agit en harmonie avec sa nature intrinsèque. Tous sont qualifiés de spiritualistes. Or, lorsque l'on devient un spiritualiste, un grand penseur sous le signe de la conscience de Krishna, on s'engage pleinement dans le service de dévotion. Si l'on s'en tient aux règles grammaticales, il existe différents types de spiritualistes, mais le mot spiritualiste suffit en soi à les englober tous, et au sens collectif, tous les spiritualistes sont portés à adorer Krishna, le Seigneur Suprême. Le transcendantaliste, l'être saint, qui adore l'Âme Suprême présente en lui porte également le nom de spiritualiste, et les spiritualistes se divisent eux-mêmes en deux classes, respectivement appelées sagarbha et nigarbha. Certains transcendantalistes méditent en leur cœur sur l'aspect localisé de Visnu, dont les quatre mains portent quatre symboles : la conque, le disque, la masse d'armes et le lotus. Le spiritualiste qui médite sur la forme à quatre bras de Visnu s'absorbe dans l'extase dévotionnelle et manifeste les signes associés à cet état d'âme, tantôt pleurant, tantôt ressentant la séparation du Seigneur. Ainsi baigne-t-il dans la félicité transcendantale et devient-il captif, tel un poisson dans un filet.