Certains signes particuliers marquent la plante des pieds du Seigneur, qui Le distinguent de tous les autres êtres. Ces signes -l'étendard, l'éclair, le bâton de cornac, le parasol, la fleur de lotus, le disque...- s'imprimaient sur la fine poussière des contrées que traversait le Seigneur. C'est ainsi que le sol d'Hastinapura reçut les empreintes de Sri Krsna lorsqu'Il S'y trouvait en compagnie des Pandavas, et par la grâce de ces heureux signes, le royaume était florissant.
Chaque fois que le Seigneur descend sur Terre, Il vient entourés de Ses compagnons éternels. Dans Son royaume spirituel, nommé cintamani-dhama, où les demeures sont bâties de pierres philosophales et les arbres dotés du pouvoir de combler tous les désirs, le Seigneur est toujours servi avec révérence par des centaines, des milliers de déesses de la fortune.
Les esprits obscurcis ignorent que des enveloppes corporelles diverses leur sont dévolues pour qu'ils subissent dans chacune telle forme d'emprisonnement, et que c'est seulement au bout de très nombreuses morts et renaissances qu'ils obtiennent la forme humaine, comme une occasion d'entreprendre l'œuvre de réalisation spirituelle, de retourner à Dieu, en leur demeure première. Les insensés ne voient pas le réel sous son vrai jour, et s'attachent à mille projets de survie dans un lieu confortable où ils puissent indéfiniment toucher les intérêts de leur ''capital''. Utopie aveugle, chimère, à laquelle ils s'accrochent, quand bien même les pires adversités viennent leur apporter le signe tangible d'une réalité bien différente de leur rêve. Un sage a pour fonction d'éclairer ces esprits, de les aider à faire retour vers Dieu, auprès de qui la vie est éternelle. Aucun désir de retour en l'univers matériel, où règne de la souffrance, pour celui qui a rejoint Son royaume. Mesurons ainsi l'importance et le caractère de haute responsabilité que revêt la mission confiée à une telle grande âme.
Le Seigneur Suprême, Dieu, est Un, mais de par Sa nature félicieuse, Il aime Se manifester à travers diverses énergies. Les êtres distincts, par exemple, sont autant de manifestations de Son énergie marginale, identiques à Lui en qualité, et ces êtres distincts sont en nombre infini, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de Ses énergies interne et externe. Dans le monde spirituel, manifestation de l'énergie interne du Seigneur, les êtres font qualitativement Un avec le Seigneur, et ne connaissent pas la souillure de l'énergie externe.
Dans l'univers matériel, au contraire, cette souillure a lieu, et l'unité qualitative des êtres avec le Seigneur ne s'y manifeste que de façon pervertie. Ils y sont confrontés à des joies et des peines illusoires. Ces dualités, conséquence de la lutte constante qui oppose le fort et le faible, traduisent les divers degrés de conditionnement matériel et ne sont toutes que manifestations éphémères, sans emprise réelle sur l'âme, qui est de nature spirituelle. La perception même de ces dualités ne se produit que par l'oubli que l'être est égal, en qualité, avec le Seigneur. Cependant, le Seigneur œuvre Lui-même sans relâche, de l'intérieur comme de l'extérieur, à relever de leur condition déchue les âmes oublieuses. Il corrige de l'intérieur l'âme envahie de désirs, sous la forme localisée d’Âme Suprême, et de l'extérieur sous la forme du maître spirituel et des Écritures révélées. Se tourner vers le Seigneur, c'est ne plus être atteint par les illusoires manifestations de joies et de peines, et chercher seulement à assister le Seigneur dans Son œuvre tangible de redressement des âmes déchues.