A compter du jour où Kṛiṣhṇa, le Seigneur Suprême, quitta cette Terre dans sa forme personnelle, Kali, l’âge de fer, de la discorde et des querelles, jusqu'alors à peine visible, déploya toute sa puissance, créatrice des plus sombres conditions pour ceux à qui manque le véritable savoir.
L'influence de Kali ne s'impose qu'à ceux qui n'ont pas parfaitement développé leur conscience de Dieu. Il est donc possible de neutraliser son emprise, en se gardant tout entier sous la protection suprême du Seigneur Souverain. L'âge de Kali avait commencé tout juste après la Bataille de Kurukṣetra, mais il n'avait pu exercer son influence en raison de la présence du Seigneur. Celui-ci, néanmoins, en vint à quitter la planète dans son Corps spirituel et absolu, après quoi les traits propres à l’âge de kali commencèrent d'apparaître.
Le départ du Seigneur signifie qu'Il a simplement disparu à nos eux, comme le soleil parvenu au couchant.
Il est écrit : « Ô notre mère la Terre, le Seigneur Suprême, Śrī Hari, est descendu en ce monde en la Personne de Kṛiṣhṇa à seule fin de t'enlever ton lourd fardeau, et tous les actes qu'Il a pu accomplir à la surface de ton corps sont purement spirituels, et pavent la voie de la libération. Vous êtes maintenant privée de sa présence et, songeant à ces activités, sans doute souffrez-vous d'en être séparée ».
Les actes du Seigneur s'accomplissent à un niveau où la libération est déjà un fait acquis, mais il faut savoir qu'ils procurent un plaisir plus grand que celui du nirvaṇa, de la libération.
Le Seigneur fait preuve d'une si grande miséricorde qu'Il descend en ce monde pour alléger le fardeau de la Terre devenu trop lourd. Et le simple souvenir de ces actes procure une joie qui défie celle inhérente au nirvaṇa, et permet d'atteindre le royaume absolu du Seigneur, où l'on peut vivre éternellement à ses côtés, absorbé dans le félicieux service d'amour offert à sa Personne.
Le Seigneur en personne et ceux qui forment son entourage allégèrent le fardeau de la Terre; et sa présence d'Avatar à la surface du globe, où II déposa ses empreintes de pieds infiniment propices, conféra au monde toute heureuse fortune.
(Signes de la plante des pieds du Seigneur : Un étendard, un éclair, un bâton de cornac, un poisson, un parasol, une fleur de lotus et un disque). Ainsi, quand le Seigneur marche sur le sol pied nu, Il y dépose ses signes divins.
Lorsque Akrura, un grand sage, se rendit à Vrindavana pour chercher Krishna, il aperçut dans la poussière de Nandagrama les empreintes de pieds du Seigneur, et aussitôt se jeta sur elles, emporté par l'extase qu'attisait en lui son amour spirituel pour Dieu. Une telle extase est possible pour un être saint qu'absorbe pleinement la pensée de Krishna.