Par le service d'amour qu'elles offrirent au Seigneur dans une extase profonde, les gopis (jeunes villageoises) de Vrajabhumi atteignirent l'unité qualitative avec le Seigneur; ainsi purent-elles danser avec Lui comme si elles étaient ses égales, l'étreindre amoureusement, Lui sourire, plaisanter et échanger avec Lui des regards affectueux. La relation qui unit Arjuna au Seigneur est certes digne d'être louée par un sage comme Bhismadeva, mais celle qui unit les gopis au Seigneur est encore plus célébrable de par la plus grande pureté du service d'amour qu'elles Lui offrent. Par la grâce du Seigneur, Arjuna eut l'heureuse fortune de le voir devenir son serviteur, son conducteur de char, dans une relation d'amitié, mais, pour tout dire, le Seigneur n'a pas conféré à Arjuna une force égale à la sienne propre. Les gopis, elles, atteignirent l'unité, l'égalité, presque absolue avec le Seigneur. Le désir qu'exprime Bhisma de se rappeler les gopis est en fait une prière en vue d'être également béni, aux derniers instants de sa vie, de leur grâce. Le Seigneur éprouve une plus grande satisfaction à voir louer ses purs dévots qu'à être glorifié Lui-même; c'est pourquoi Bhismadeva n'a pas seulement exalté les Actes de Krishna, objet immédiat de son attachement, mais également rappelé à son souvenir les gopis, à qui s'offrent des moyens sans pareils de servir le Seigneur avec amour. L'égalité des gopis et du Seigneur ne doit jamais, cependant, être confondue avec la libération des impersonnalistes. Leur égalité consiste en la parfaite extase qu'engendre l'effacement total de tout concept différenciateur entre l'amant et l'aimé, ou en d'autres termes, la fusion de leurs intérêts respectifs.
Instructions spirituelles données par Krishna à son père Vasudeva et le retour à la vie des six fils de Devaki.
Tenant Krishna et Balarama pour ses fils, Vasudeva se situait au niveau le plus parfait de l'existence; mais puisque les sages assemblés au lieu saint de Kuruksetra avaient décrit le Seigneur comme la Cause ultime de tout ce qui est, Vasudeva, par amour pour Krishna et Balarama, l'avait simplement répété. Sri Krishna ne souhaitait point modifier sa relation filiale vis-à-vis de Vasudeva, aussi confirma-t-Il au tout début de sa réponse, être le Fils éternel de Vasudeva et ce dernier son père éternel. Puis, Krishna l'informa de l'identité spirituelle de tous les êtres vivants :
« Cher père, tous, y compris Moi-même et Mon Frère Balarama (Première émanation plénière de Krishna), ainsi que les habitants de la ville de Dvaraka, comme d'ailleurs ceux de la manifestation cosmique toute entière, sont tels que tu les as déjà décrits, mais nous sommes tous également Un en qualité ».
Krishna voulait que Vasudeva voie toute chose de la vision d'un sage de premier ordre. Celui-ci voit tous les êtres vivants comme des fragments du Seigneur Suprême, et perçoit également la présence de Celui-ci dans le cœur de chacun. En vérité, chaque être vivant possède une identité spirituelle, mais au contact de l'existence matérielle, il devient influencé par les trois gunas (trois modes d’influence de la nature matérielle ; la vertu, la passion et l’ignorance) et recouvert par la conception corporelle de l'existence, oubliant que l'âme spirituelle qu'il est en vérité participe de