spontanéité, par pure affection, sans nulle trace de respect formel. D’une manière générale, le Seigneur reçoit de ses dévots une adoration empreinte de révérence, mais Il éprouve une joie toute particulière à voir son dévot le considérer, par pur amour, comme son inférieur. Et c’est dans cet esprit que se déroulent ses échanges avec ses purs dévots dans son royaume originel de Goloka Vrindâvan. Là, les amis de Krishna Le considèrent comme l’un d’entre eux. Ils ne le voient pas comme un objet de vénération. Quant aux parents du Seigneur, ils le voient comme un simple enfant, et celui-ci accepte leur châtiment de meilleure grâce que les prières des êtres célestes. De même, Il éprouve un plus grand plaisir à se voir adresser des reproches d’amour par les gopîs qu’à entendre les hymnes védiques.
Lorsque le Seigneur, Sri Krishna, à seule fin de faire se tourner vers Lui les êtres, est venu dévoiler dans cet Univers les Divertissements éternels qui sont les Siens dans le royaume absolu de Goloka Vrindâvan, Il montra un exemple unique de subordination devant Yashodâ, Sa mère adoptive. Parmi ses jeux d’enfance, Il aimait saccager les réserves de beurre de Yashodâ en brisant les pots et en distribuant leur contenu à ses amis et compagnons de jeu, y compris les fameux singes de Vrindâvan, heureux de profiter de la munificence du Seigneur.
Un jour, Yashodâ le prit sur le fait, et par pur amour pour Lui, elle voulut corriger son fils divin, mais sans pour autant se montrer très sévère envers lui. Elle prit une corde et menaça d’attacher le Seigneur, comme cela se fait généralement pour punir les enfants. Mais voyant la corde dans les mains de Yashodâ, Krishna baissa la tête et se mit à pleurer, comme tout garçonnet l’aurait fait à sa place. Des larmes roulèrent sur ses joues, faisant couler le fard noir qui entourait ses yeux adorables. Le voilà cependant effrayé devant le châtiment de sa mère.
Le point de vue de Yashodâ est tenu pour élevé, car elle n’avait pas conscience de la position suprême de Krishna. Krishna devint son fils et lui fit oublier complètement que son enfant n’était autre que le Seigneur. Si elle avait eu conscience de la suprématie de Krishna, Yashodâ aurait hésité à le punir, mais le Seigneur fit qu’elle oublia tout, car Il désirait jouer à tous égards le rôle d’un enfant devant l’affectueuse Yashodâ. Leurs sentiments maternels et filiaux s’exprimèrent de façon tout à fait naturelle.
Quand Krishna vit mère Yashodâ approcher, armée d’une corde pour L’attacher, Il devint aussitôt craintif, pensant :
« Oh, mère va M’attacher ».
Ses larmes coulent tout de suite, effaçant le mascara de ses yeux. Le regard empreint d’un grand respect, Il la supplie avec âme :
« Pardonne-Moi, mère; Je sais t’avoir offensée ».