« Je vous promets que cette fois, vous retournerez au Royaume spirituel, en la Demeure originelle, car vous aurez assuré la perfection de votre mission. Je sais que vous avez grand souci de ma Personne et pour cela redoutez Kamsa. Je vous demande donc de me porter immédiatement à Gokula et de m'échanger avec la fille que vient de mettre au monde Yasoda ».
Ayant ainsi parlé à son père et à sa mère, le Seigneur se transforma en un enfant semblable aux autres et garda le silence.
Comme il en avait reçu l'ordre de son Fils, Dieu en Personne, Vasudeva entreprit de le faire sortir de la pièce où Il était apparu. A ce moment précis, une fille naissait de Nanda et Yasoda. Cette fille n'était autre que Yogamaya, la puissance interne du Seigneur. Par l'influence de Yogamaya, tous les habitants du palais de Kamsa, et surtout les gardes, furent plongés dans un profond sommeil. Toutes les portes, bien que barrées et cadenassées par des chaînes de fer, s'ouvrirent largement. Bien que la nuit fût très obscure, aussitôt que Vasudeva sortit du palais de Kamsa, portant Krishna dans ses bras, il put voir aussi clair qu'en plein jour.
Krishna est comme la radiance du soleil; là où se trouve Krishna, l'énergie illusoire, comparable aux ténèbres, ne peut demeurer. Lorsque Vasudeva portait Krishna, les ténèbres de la nuit se dissipèrent. Toutes les grilles de la prison s'ouvrirent d'elles-mêmes. Arrivé sur le bord de la Yamuna, Vasudeva vit que les eaux de la rivière s'agitaient violemment de fortes vagues et se couvraient d'écume sur toute leur étendue. Mais la rivière déchaînée creusa en elle un passage facile pour Vasudeva, tout comme l'avait fait pour Sri Rama l'immense océan Indien. Ainsi, Vasudeva franchit la rivière Yamuna. Une fois sur l'autre rive, il se rendit à la demeure de Nanda Maharaja, à Gokula, où il vit que tous les pâtres dormaient profondément. Il pénétra donc silencieusement dans la maison, et là, sans difficulté, il échangea son Fils avec la fille qui venait de naître de Yasoda. Puis, il retourna à la prison de Kamsa, et, toujours en silence, plaça le bébé sur les genoux de Devaki. Enfin, il referma de nouveau sur lui les chaînes, pour que Kamsa ne puisse soupçonner que tant d'événements étaient survenus cette nuit-là.
Mère Yasoda savait qu'elle avait mis au monde un enfant, mais épuisée par la gésine, elle s'était profondément endormie. Et à son réveil, elle ne se souvenait plus si elle avait mis au jour un garçon ou une fille.
La merveilleuse enfance du Seigneur.
Voici un autre exemple de la perplexité qu’engendrent chez les êtres les Divertissements du Seigneur. Le Seigneur, nous l’avons vu, demeure tel en toutes circonstances, mais il arrive parfois que dans un même temps, Il se veuille le subordonné de son pur dévot. Le sage pur sert le Seigneur uniquement par amour, un amour sans mélange, et il se peut que dans l’exécution de son service dévotionnel, il oublie la position suprême du Seigneur. Mais celui-ci reçoit avec plus de joie encore le service d’amour de ses dévots lorsqu’il est précisément accompli dans la