essayer de jouir des objets sensoriels composés des trois modes d’influence de la nature. C’est ainsi que l’être spirituel s’identifie à tort à son corps matériel et s’emmêle dans l’énergie illusoire du Seigneur. Poussé par des désirs matériels profondément enracinés, l’être spirituel incarné engage ses organes sensoriels actifs dans des activités fructueuses. Il expérimente ensuite les résultats de ses actions matérielles en errant à travers ce monde dans ce que l’on appelle le bonheur et la détresse. Ainsi, conditionné par la matière, il est forcé de subir le cycle des naissances et des morts répétées. Poussé par les réactions de ses propres activités, il erre impuissant, allant d’une situation peu propice à une autre, souffrant du moment de la création jusqu’au moment de l’annihilation cosmique. Lorsque l’anéantissement des éléments matériels est imminent, la Personne Suprême sous sa forme du temps éternel retire le cosmos manifesté, composé d’éléments de matière dense et éthéré, et la galaxie entière disparaît dans la non-manifestation.
Alors que l’anéantissement cosmique approche, une terrible sécheresse a lieu sur toute la terre pendant cent ans. Pendant cent ans, la chaleur du soleil augmente progressivement et sa chaleur flamboyante commence à tourmenter les trois mondes, les trois régions principales de la galaxie, édénique, terrestre et enfer. A partir de Patalaloka (planète située en enfer), un feu se développe, émanant de la bouche du Seigneur Sankarsana, émanation plénière de Krishna. Ces flammes tirant vers le haut, poussées par de grands vents, brûlent tout dans toutes les directions. Des hordes de nuages appelés Samvartaka versent des torrents de pluie pendant cent ans. S’inondant dans les gouttes de pluie aussi longues que le tronc d’un éléphant, les précipitations mortelles submergent la galaxie entière dans l’eau. Puis Vairaja Brahma, l’âme de la forme universelle, abandonne son corps universel, et entre dans la nature subtile, éthérée, non manifestée, comme un feu qui n’a plus de carburant. Privé de sa qualité d’arôme par le vent, l’élément terre se transforme en eau, et l’eau, privée de son goût par ce même vent, se confond avec le feu. Le feu, privé de sa forme par l’obscurité, se dissout dans l’élément air. Lorsque l’air perd sa qualité de toucher par l’influence de l’espace, il se fond dans cet espace. Lorsque l’espace est privé de sa qualité tangible par l’Âme Suprême sous la forme du temps, il fusionne en faux ego [Ego matériel ou faux ego : « Nœud » qui retient ensemble l’âme et le corps]. Illusion d’être le maître absolu, le possesseur suprême et le bénéficiaire légitime de tous les plaisirs du monde, par laquelle l’âme distincte s’identifie au corps de matière qu’elle revêt et à tout ce qui s’y rapporte [apparence, nationalité, race, famille, communauté, appartenance religieuse, plaisirs et souffrance]. L’illusion est à l’origine du conditionnement matériel et de l’ignorance. Les sens matériels et l’intelligence se confondent en un faux ego dans la passion dont ils sont issus, et le mental, avec les êtres célestes, fusionne en faux ego dans la vertu. Ensuite, le faux ego global, avec toutes ses qualités, fusionne dans l’agrégat des vingt quatre éléments de la nature matérielle.
Telle est maya, l’énergie illusoire de la Personne Suprême. Cette puissance illusoire, constituée des trois modes d’influence de la nature matérielle ; la vertu, la passion et