Jadis en Inde, les parents consultaient les astres avant d’unir leurs enfants. Des calculs astrologiques sur le passé, le présent et l’avenir de ces derniers leur permettaient d’assurer la parfaite harmonie des futurs époux pour qu’ils vivent paisiblement et s’aident mutuellement à parfaire leur vie spirituelle, ce qui valait finalement de retourner auprès de Dieu, en leur demeure originelle. Voilà comment se conçoit le mariage.
Mais aujourd’hui, si un garçon et une fille d’âge mûr se plaisent, ils se marient… mais l’un ou l’autre s’en ira quelque temps plus tard. De telles unions n’ont aucune valeur, mais il est dit qu’en cet âge de kali, le mariage ne repose en tout et pour tout que sur un attrait mutuel. Un jour on s’aime et le lendemain on ne veut plus se voir. Triste vérité. Un tel mariage n’a donc aucune valeur.
Vient ensuite une autre caractéristique de cet âge : L’homme et la femme resteront unis tant que durera l’attrait sexuel, et les hommes purs et intelligents, les sages, ne se distingueront que par leur fil sacré.
Les hommes purs et intelligents, les sages guident spirituels, se voient offrir en effet un fil sacré qui les qualifient de « deux fois nés », mais aujourd’hui n’importe qui s’imagine être devenu un sage érudit par le simple port du fil sacré, peu importe si l’on se comporte en paria. Personne ne réalise qu’un sage érudit a d’énormes responsabilités. On s’imagine que pour devenir un sage érudit il suffit d’acheter un fil sacré à dix centimes pièces. Quand aux relations conjugales, elles reposeront sur un attrait physique mutuel, mais à la moindre mésentente sexuelle, les sentiments des conjoints perdront de leur force.
Les pauvres n’auront pas droit à la justice, et n’importe quel beau parleur sera décrété grand philosophe.
Pas d’agent, pas de justice, c’est la loi, voilà l’âge de kali. Aujourd’hui il suffit d’acheter les juges pour que le jugement soit rendu en votre faveur. Mais si vous n’avez pas d’argent, alors n’allez pas au tribunal. Quand aux beaux parleurs, peu importe ce qu’ils racontent, on les considère comme des grands érudits, même si personne ne comprend un traître mot de ce qu’ils disent. Si l’on s’exprime dans un jargon incompréhensible, les gens s’exclameront, « quel génie ». Et c’est le cas aujourd’hui. Tant d’imposteurs prennent ainsi la plume, et l’on voit ainsi leurs partisans justifier une incompréhension totale de prétendus chefs d’œuvres par des « c’est inexplicable », « c’est supérieur », « c’est dément ».
Ce sera un déshonneur que de ne pas vivre dans l’opulence, alors qu’un individu bouffi d’orgueil se fera hypocritement passer pour un être pieux. Le mariage reposera sur un accord arbitraire et superficiel, et il suffira de prendre un bain pour se croire parfaitement propre et attirant.
Le simple fait de se rendre au bord de quelque rivière lointaine constituera un saint pèlerinage. L’homme se trouvera très beau avec les cheveux longs.