dans la vie actuelle, libérer qui s'y engage des suites de l'action, bonnes ou mauvaises. Efforce-toi donc d'atteindre l'art d'agir par le yoga. Absorbé dans le service de dévotion, le sage prend refuge en le Seigneur et, renonçant en ce monde aux fruits de ses actes, se libère du cycle des morts et des renaissances. Il parvient ainsi à l'état qui est au-delà de la souffrance.
Quand ton intelligence aura traversée la forêt touffue de l'illusion, tout ce que tu as entendu, tout ce que tu pourrais encore entendre, te sera indifférent. Quand ton mental ne se laissera plus distraire par le langage fleuri des Védas, quand il sera tout absorbé dans la réalisation spirituelle, alors tu seras en union avec l'Être Divin.
Quand un homme se libère des milliers de désirs matériels créés par son mental, quand il se satisfait dans son vrai moi, c'est qu'il a pleinement conscience de son identité spirituelle.
Celui que les trois formes de souffrance ici-bas n'affectent plus, que les joies de la vie n'enivrent plus, qu'ont quitté l'attachement, la crainte et la colère, celui-là est tenu pour un sage à l'esprit ferme. Celui qui, libre de tout lien, ne se réjouit pas plus dans le bonheur qu'il ne s'afflige du malheur, celui-là est fermement établi dans la connaissance absolue. Celui qui, telle une tortue qui rétracte ses membres au fond de sa carapace, peut détacher de leurs objets les sens, celui-là possède le vrai savoir. Même à l'écart des plaisirs matériels, l'âme incarnée peut encore éprouver quelque désir pour eux. Mais qu'elle goûte une joie supérieure, et elle perdra ce désir, pour demeurer dans la conscience spirituelle.
Forts et impétueux sont les sens. Ils ravissent même le mental de l'homme de sagesse qui veut les maîtriser. Qui restreint ses sens et s'absorbe en Moi, prouve une intelligence sûre. En contemplant les objets des sens, l'homme s'attache, d'où naît la convoitise, et de la convoitise, la colère. La colère appelle l'illusion, et l'illusion entraîne l'égarement de la mémoire. Quand la mémoire s'égare, l'intelligence se perd, et l'homme chute à nouveau dans l'océan de l'existence matérielle. Qui maîtrise ses sens en observant les principes régulateurs de la liberté, reçoit du Seigneur sa pleine miséricorde, et est ainsi libéré de tout attachement comme de toute aversion.
Les trois formes de souffrance matérielle n'existent plus pour celui que le Seigneur a ainsi touché de sa miséricorde immotivée. Devenu serein, son intelligence ne tarde pas à s'affermir. L'être inconscient de son identité spirituelle ne peut ni maîtriser son mental, ni affermir son intelligence, comment dès lors, connaîtra-t-il la sérénité, et comment, sans elle, pourra-t-il goûter au bonheur ?
Comme un vent violent balaie sur l'eau une nacelle, il suffit que l'un des sens entraîne le mental pour que l'intelligence soit emportée.
Aussi, celui qui détourne ses sens de leurs objets possède-t-il une intelligence sûre. Ce qui est nuit pour tous les êtres devient, pour l'homme qui a maîtrisé ses sens, le temps de l'éveil. Ce qui, pour tous, est le temps de l'éveil, est la nuit pour le sage