On ne peut accéder à la voie de la libération qu’en servant les êtres spirituellement très avancés, qu’ils soient impersonnalistes ou des êtres saints. Que l’on désire se fondre dans l’existence du Seigneur ou vivre en sa compagnie, on doit servir les grandes âmes. Quant à ceux pour qui cette voie ne présente aucun intérêt, qui recherchent la compagnie des hommes épris de femmes et de plaisirs charnels, le chemin de l’enfer leur est grand ouvert. Les grandes âmes jouissent d’un parfait équilibre, et ne font aucune différence entre un être vivant et un autre. Elles vivent dans la plus grande sérénité et se plongent tout entières dans le service de dévotion. La colère leur est étrangère, et elles oeuvrent pour le bien de tous ; leur conduite n’est répréhensible en aucune façon. De tels personnages sont dénommés grandes âmes.
Les hommes désireux de raviver leur conscience de Dieu et d’accroître leur amour pour Moi n’aiment rien faire qui ne soit en rapport avec ma Personne. Ils ne cherchent pas à se mêler à tous ceux qui ne se préoccupent que d’entretenir leur corps, de manger, dormir, s’unir sexuellement et se défendre. Bien que chefs de famille, ils n’ont pas d’attachement pour leur foyer ; ils n’en ont pas davantage pour leur femme, leurs enfants, leurs amis ou leurs possessions matérielles. En même temps, ils ne restent pas indifférents à l’accomplissement de leurs devoirs, mais se contentent de recueillir l’argent nécessaire pour subsister.
Lorsque quelqu’un considère la satisfaction des sens comme le but de sa vie, il s’engage dans la vie matérielle à en devenir fou et se livre à toutes sortes d’activités coupables. Il ne sait pas que c’est en raison de ses méfaits passés qu’il a déjà reçu un corps matériel, lequel, malgré sa nature transitoire, est à l’origine de sa souffrance. En vérité, l’être distinct (l’être individuel et distinct de Dieu) n’aurait jamais dû revêtir cette enveloppe charnelle, mais celle-ci lui a été attribuée pour la satisfaction de ses sens. Aussi, je ne crois pas qu’il sied à un homme intelligent de s’empêtrer à nouveau dans des activités matérielles qui le contraindraient perpétuellement à revêtir des corps, vie après vie.
Tant que l’être vivant (l’âme incarnée) ne s’enquiert pas des valeurs spirituelles de l’existence, il doit connaître la défaite et les maux issus de l’ignorance. Qu’il relève de la vertu ou du péché, le karma [loi action-réaction, loi de cause à effet] porte ses fruits, et si une personne est impliquée dans une forme ou une autre de karma, on qualifie son mental de « teinté du désir de jouir des fruits de l’action ». Aussi longtemps que le mental demeure impur, la conscience reste obscurcie, et tant que l’on suit la voie de l’action intéressée, on doit revêtir un corps matériel.
Semblable au feu ardent qui convertit le bois en cendres, le brasier du savoir réduit en cendres toutes les suites des actions matérielles.
Lorsque l’influence de l’ignorance recouvre l’âme distincte [l’âme individuelle et distincte de Dieu], elle ne peut comprendre la nature de l’être infinitésimal ni celle de l’Être Suprême ; son mental est alors accaparé par l’action intéressée. En