Après sa sortie de la matrice, l’enfant est abandonné aux soins de personnes incapables de comprendre ce qu’il veut et qui s’occupent néanmoins de lui. Ne pouvant refuser ce qu’on lui donne, il se trouve dans une situation indésirable. Etendu sur une couche malsaine, trempée de sueur et infestée de germes, le pauvre enfant se trouve dans l’incapacité de se gratter pour se soulager des démangeaisons qui l’accablent, que dire de s’asseoir, de se lever ou même de bouger.
Toutes sortes de moucherons, de moustiques, de punaises et d’autres insectes piquent le bébé impuissant dont la peau est si tendre, tout comme des petits vers en mordent un plus gros. Privé de sa sagesse, l’enfant pleure amèrement.
C’est ainsi que l’être traverse la période de l’enfance, soumis à diverses situations éprouvantes, puis il atteint ses premières années, où il continue de souffrir du fait qu’il ne peut jamais obtenir ce qu’il convoite. Ainsi, enveloppé par l’ignorance, il est malheureux et la colère le consume.
Au fur et à mesure que grandit son corps, l’être distinct, afin de faire taire son âme, développe son orgueil et sa colère, ce qui le conduit à nourrir de l’hostilité à l’égard d’êtres aussi concupiscents que lui. Sous l’effet de cette ignorance, l’être distinct considère son corps de matière, constitué de cinq éléments (terre, eau, feu, air et éther), comme son être propre. Ainsi égaré, il considère comme siens des objets éphémères, et son ignorance le conduit jusque dans les régions les plus ténébreuses. Pour l’amour de son corps, qui ne lui cause que des ennuis et qui le suit partout, car il est enchaîné à l’ignorance et à l’action intéressée, il se livre à divers actes qui l’entraînent vers la répétition de la naissance et de la mort.
Par conséquent, si l’être distinct emprunte à nouveau la voie de l’impiété, influencé par des individus sensuels absorbés dans les plaisirs de la chair et de la langue, il est assuré de retourner en enfer. Il perd alors toute probité, pureté, compassion, gravité et intelligence spirituelle, toute réserve, tout sens de l’austérité, la renommée, la clémence, la maîtrise du mental, la maîtrise des sens, la faveur de la fortune et tout autre atout similaire.
Il faut éviter le contact de ces rustres insensés qui sont privés de toute connaissance de la réalisation spirituelle et qui sont comme des chiens que les femmes font danser à leur gré. Rien n’envoûte et n’asservit plus l’homme que le commerce des femmes ou celui des hommes qui ont pour elles de l’attachement. Brahma fut lui-même troublé par les charmes de sa fille et la poursuivit sans aucune pudeur sous la forme d’un cerf lorsqu’elle prit l’aspect d’une biche. Parmi tous les êtres créés par Brahma, hommes, êtres céleste et animaux, aucun hormis le sage Narayana n’échappe à l’attrait de maya, manifestée sous la forme d’une femme.
Vois donc la Puissance formidable de Ma maya, manifestée à travers la femme ; le seul mouvement de ses sourcils lui permet de garder sous sa coupe fût-ce les plus grands conquérants du monde.