temps, à savoir le passé, le présent et le futur. Par suite, c’est sous sa direction que l’âme conditionnée se livre à différentes activités, de sorte que pour se libérer des trois formes de souffrance liées à cette existence de contrainte, elle doit s’abandonner à Lui, et à Lui seul.
Ayant chuté à l’intérieur du ventre de sa mère, dans cette cavité pleine de sang, d’excréments et d’urine, son corps souffrant terriblement de la chaleur émise par le feu gastrique de sa mère, l’âme incarnée, impatiente de quitter sa prison, compte les mois et prie : « O mon Seigneur, quand l’âme vile que je suis sera-t-elle délivrée de cette incarcération ?
Cher Seigneur, grâce à Ta miséricorde indicible, voilà que s’éveille ma conscience, bien que je sois à peine âgé de neuf mois. Pour cette faveur immotivée que Tu m’as accordée, ô Seigneur Souverain, Toi l’Ami des âmes déchues, je ne vois pas d’autre moyen de T’exprimer ma gratitude que de prier, les mains jointes.
L’être incarné au sein d’une autre espèce ne voit que par instinct ; il ne connaît que les perceptions sensorielles agréables ou désagréables de ce corps particulier. Mais voilà que je possède un corps dans lequel je peux maîtriser mes sens et connaître ma destinée ; je rends donc mon hommage respectueux à Dieu, la Personne Suprême, qui m’a béni en m’accordant ce corps et par la grâce de qui je peux le contempler à l’intérieur comme à l’extérieur.
Par suite, ô Seigneur, bien que je me trouve dans une condition atroce, je ne désire pas quitter le ventre de ma mère pour retomber dans le puits sombre de l’existence matérielle. Ton énergie externe, nommée deva-maya, capture le nouveau-né dès qu’il apparaît, et il adopte sur-le-champ une fausse identité, qui représente le début du cycle continu des naissances et des morts. Aussi, sans plus me laisser troubler, je vais m’arracher aux ténèbres de l’ignorance avec l’aide de mon amie, la claire conscience. Il me suffira de garder en mon cœur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur Visnu [émanation plénière de Krishna] pour ne plus avoir à entrer dans le sein d’autres mères et subir le cycle des morts et des renaissances. »
Krishna, Dieu, la Personne Suprême poursuit :
L’enfant âgé de neuf mois nourrit ces désirs alors même qu’il se trouve encore dans le ventre de sa mère. Mais tandis qu’il loue ainsi le Seigneur, le souffle qui favorise l’accouchement le propulse la tête en bas, afin de le faire naître.
Soudain poussé par ce souffle, l’enfant sort à grand-peine, la tête en bas, incapable de respirer et privé de mémoire sous l’effet de l’intense douleur.
L’enfant tombe alors sur le sol, couvert d’excréments et de sang, et s’agite tel un ver issu de matières fécales. Il oublie sa connaissance supérieure et se met à pleurer, envoûté par maya [l’énergie d’illusion du Seigneur].