Le Seigneur informa ensuite Roupa Gosvami d'une autre menace liée à la culture de la plante dévotionnelle. En effet, lorsque celle-ci a quelque peu grandi, un animal peut venir manger ses feuilles ou la détruire. Lorsqu'une plante perd ainsi ses feuilles, il arrive fréquemment qu'elle se dessèche et meurt. Il faut donc veiller à ce que les « animaux » ne viennent pas perturber la plante dévotionnelle, les bêtes en question étant les offenses commises envers les purs dévots du Seigneur. De telles offenses se comparent à un éléphant en furie qui, s'il vient à pénétrer dans un jardin, cause de sérieux ravages aux plantes et aux arbres qui s'y trouvent. Dans le même ordre d'idées, une offense à un pur dévot de Dieu peut considérablement entraver nos progrès dans le service de dévotion. Il convient donc de protéger la plante de la dévotion en l'entourant d'une clôture adéquate, c'est-à-dire en se gardant de toute offense envers les purs dévots. On dénombre dix de ces offenses aux purs dévots, ou au Saint Nom de Krishna.
La première consiste à blasphémer contre les grands dévots qui s'efforcent de répandre les gloires du Saint Nom à travers le monde. Le misérable qui, sans fondement, se montre hostile envers un dévot cherchant à répandre le Saint Nom par le monde, conformément aux directives de son maître spirituel, commet la pire offense aux pieds du Saint Nom. Krishna et son Saint Nom étant identiques, le Seigneur ne tolère pas que l'on décrie un pur dévot qui diffuse partout son Nom.
La seconde offense consiste à nier que le Seigneur Krishna incarne la Vérité Absolue. Aucune différence ne distingue ses Noms de ses Attributs, Formes, Divertissements et Activités. Qui croit en voir une se rend donc également coupable d'une offense. Étant Suprême, personne ne peut surpasser ni même égaler le Seigneur. En conséquence, quiconque identifie Krishna ou son Nom à une quelconque divinité, ou à un être céleste, commet aussi une offense. Mettre le Seigneur Suprême et les êtres célestes sur un pied d'égalité n'est guère compatible avec la pratique du service de dévotion.
La troisième offense : considérer le maître spirituel comme un homme ordinaire. La quatrième : dénigrer la littérature védique et ses suppléments, les Pouranas. La cinquième : croire que les gloires attribuées au Saint Nom sont exagérées. La sixième : dénaturer la signification du Saint Nom. La septième offense consiste à accomplir des actes coupables en comptant sur le chant du Saint Nom pour en annuler les conséquences. Il est entendu que ce chant nous délivre de toute conséquence associée à nos égarements, mais il ne faut pas croire pour autant que l'on peut alors continuer à pécher par perversion. Ce serait là la plus grande offense.
La huitième offense consiste à comparer le chant du Saint Nom aux rites religieux, aux sacrifices, à l'austérité ou au renoncement. Ce chant vaut tout autant que la présence suprêmement personnelle de Dieu. Les actes de piété peuvent certes nous aider à nous rapprocher de l'Être Suprême, mais lorsqu'ils sont accomplis dans un but matériel, il en résulte une offense.