Ainsi, l'être distinct emprunte, au sein de la nature matérielle, diverses manières d'exister, et y prend jouissance des trois gunas : cela, parce qu'il touche à cette nature. Il connaît alors souffrances et plaisirs, en diverses formes de vie.
Mais il est, dans le corps, un autre bénéficiaire, qui transcende la matière ; et c'est le Seigneur, le possesseur suprême, Témoin et Consentant, qu'on nomme l'Âme Suprême (et que Jésus appelait l’Esprit Saint).
Il atteindra la libération, celui qui connaît ainsi la nature matérielle, et ce que sont l'être vivant et l'interaction avec les trois gunas (la vertu, la passion et l’ignorance). Quelle que soit sa condition présente, jamais plus il ne renaîtra en ce monde.
L'Âme Suprême, certains La perçoivent à travers la méditation, d'autres en cultivant la connaissance, d'autres encore par l'action non intéressée.
Puis on rencontre ceux qui, bien que peu versés dans le savoir spirituel, s'engagent dans l'adoration du Seigneur Suprême parce qu'ils ont entendu parler de Lui. Prêtant volontiers l'oreille aux dires d'autorités, eux aussi triomphent du cycle des morts et des renaissances. Sache que tout ce qui est, mobile et immobile, ne procède que de l'union du champ d'action avec le connaissant du champ.
Celui qui voit que l'Âme Suprême, dans tous les corps, accompagne l'âme distincte, et comprend que jamais ni l'une ni l'autre ne périssent, celui-là en vérité voit. Qui en chaque être voit l'Âme Suprême, partout la même, ne laisse pas son mental l'entraîner à la dégradation. Ainsi parvient-il au but suprême et absolu. Celui qui peut voir que c'est le corps, né de la nature matérielle, qui accomplit toute action, que jamais l'âme, intérieure, n'agit, celui-là en vérité voit. Quand l'homme d'intelligence cesse de voir en termes d'identités multiples, dues à des corps multiples, il atteint la vision spirituelle. Alors, partout, il ne voit que l'âme spirituelle.
Ceux qui ont la vision d'éternité peuvent voir que l'âme est spirituelle, éternelle, au-delà des trois gunas. Bien que sise dans le corps de matière, jamais l'âme n'agit, ni n'est liée. Comme l'éther, qui, partout répandu, ne saurait pourtant, lui de nature subtile, se mêler à rien, ainsi l'âme, de la substance spirituelle, bien que dans le corps, ne se mêle pas avec lui.
Comme le soleil, à lui seul, illumine toute la galaxie, ainsi l'âme spirituelle, à elle seule, éclaire de la conscience le corps tout entier.
Celui qui, à la lumière de la connaissance, voit ainsi ce qui distingue le corps du possesseur du corps, et connaît également par où l'on se libère de l'emprise de la nature matérielle, celui-là atteint le but suprême.