La forme universelle du Seigneur
Le Seigneur Suprême dit :
Vois ici Ma gloire, des centaines, des milliers de formes divines, infiniment diverses, multicolores comme la mer. Aperçois les Adityas, les Rudras, tous les autres êtres célestes. Contemple les innombrables manifestations que jamais jusqu'ici nul n'a connues. Tout ce que tu désires et désireras voir, le mobile comme l'immobile, vois-le à l'instant dans cette forme universelle, car tout s'y trouve.
Mais tu ne peux Me voir avec les yeux qui sont tiens. Je te confère donc les yeux divins par lesquels tu pourras contempler Mes inconcevables pouvoirs.
Je suis le Temps, destructeur des mondes, venu engager tous les hommes. En dehors de vous [les Pandavas], ils périront tous, guerriers des deux armées qui s'affrontent.
Aussi, lève-toi, prêt à combattre. Triomphant de tes ennemis, tu jouiras d'un royaume prospère. Tous, par Mon ordre, sont déjà tués, et toi, Savyasacin, ne peut être, dans cette lutte, qu'un instrument dans Ma main.
Drona, Bhisma, Jayadratha, Darna, et les autres guerriers valeureux, tous déjà sont mis à mort. Combats sans être troublé, et tu vaincras dans cette lutte tous tes ennemis.
C'est dans la joie, que par Ma puissance interne, Je t'ai révélé, en ce monde, Ma forme universelle, sublime, infinie, éblouissante, que nul avant toi n'a jamais vue.
Ni l'étude des Vedas (les saintes écritures originelles), ni les sacrifices, ni les actes charitables, ni même les rites, l'ascèse sévère ou telles autres pratiques, ne permet de voir Ma forme universelle. Nul avant toi, nul n'a pu la contempler. Devant cette forme terrible de Moi, ton mental s'est obscurci, mais que s'apaise ta crainte, que cesse ton trouble. En toute sérénité, contemple maintenant la Forme de ton désir.
Cette Forme, la Mienne, que maintenant tu contemples, il est bien difficile de la voir. Les êtres célestes eux-mêmes sans cesse aspirent à La découvrir, cette Forme si chère.
Cette Forme que tu vois de tes yeux spirituels, ni la simple étude des Vedas, ni les ascèses sévères, ni les actes charitables, ni l'adoration rituelle ne permettent de la connaître. Nul, par ces chemins, ne Me verra tel que Je suis. Ce n'est qu'en Me servant avec un amour et une dévotion sans partage qu'on peut Me connaître tel que Je suis, debout devant toi, et de même, en vérité, Me voir. Ainsi, et seulement ainsi, pourra-t-on percer le mystère de Ma Personne. Celui qui, affranchi de la spéculation intellectuelle et de la souillure de ses actes passés, bienveillant à l'égard de tous les êtres, s'absorbe dans se service de dévotion pur, celui-là vient à Moi.