Les premiers n'entrent jamais en contact avec la nature matérielle et ne connaissent pas l'existence temporelle. Éternellement absorbés dans la conscience de Krishna, ou le service de dévotion au Seigneur, on les compte parmi les compagnons de Krishna. Leur seul bonheur tient au service d'amour spirituel qu'ils offrent à Krishna. À l'inverse, les êtres éternellement conditionnés se détournent à jamais de ce service d'amour, et subissent par conséquent les trois formes de souffrance inhérentes à l'existence matérielle. En raison de leur perpétuelle attitude de distanciation face à Krishna, l'énergie matérielle leur accorde deux types de corps : l'un grossier, de matière dense et formé des cinq éléments, terre, eau, feu, air et éther, l'autre subtil, éthéré, et formé du mental, de l'intelligence et de l'ego. Recouvert par ces deux corps, l'âme conditionnée est à jamais en proie aux trois formes de souffrance matérielle [Celles qui sont issues du corps et du mental, celles qui sont causées par d'autres entités vivantes, et celles qui ont pour origine les éléments de la nature matérielle, par exemple le froid ou la chaleur extrêmes, la foudre, les séismes, les ouragans, la sécheresse, etc.] et aux assauts de six ennemis (la colère, la concupiscence, l'avidité, la démence, l'illusion et l'envie). Telles sont les affres qui rongent sans fin l'âme conditionnée. Ainsi affligé et conditionné, l'être vivant erre sans cesse dans la galaxie, tantôt promu à des systèmes planétaires supérieurs, tantôt contraint de transmigrer sur des systèmes inférieurs, si bien qu'il finit par trouver normal de vivre de la sorte. Il ne peut être libéré de son mal que lorsqu'il rencontre et suit l'exemple du médecin par excellence, le maître spirituel authentique. Quand l'âme conditionnée adhère avec foi aux instructions d'un tel maître, elle se voit guérie de sa fièvre matérielle et accède au plan de la libération, où elle renoue avec le service de dévotion à Krishna pour enfin retourner auprès de Lui, en sa demeure originelle. L'être conditionné doit prendre conscience de sa véritable nature et prier le Seigneur en ces termes : « Combien de temps encore devrai-je vivre sous l'emprise de la colère et de la concupiscence, pour ne nommer que ces fléaux ? »
Loin d'être compatissants, les maîtres que sont la colère et la concupiscence réduisent à jamais l'âme conditionnée à l'esclavage. Mais lorsque celle-ci retrouve sa véritable conscience, la conscience de Krishna, elle quitte ces mauvais maîtres pour s'en remettre à Krishna, cherchant sincèrement refuge auprès de Lui et le priant de l'engager dans son service d'amour spirituel. Les écritures védiques, des Védas, les saintes écritures originelles, font parfois grand état de l'action intéressée, du yoga des pouvoirs ou de la quête spéculative du savoir comme autant de méthodes de réalisation du soi. Mais elles n'en reconnaissent pas moins la supériorité du service de dévotion. En d'autres termes, le service de dévotion à Krishna est la voie de réalisation spirituelle la plus parfaite. On recommande d'ailleurs de s'y consacrer directement. L'action intéressée, la méditation et la spéculation philosophique ne sont pas des méthodes directes de réalisation du soi car, dénuées de dévotion, elles ne peuvent mener à la plus haute perfection spirituelle. À vrai dire, toutes dépendent, en dernière analyse, de la pratique du service de dévotion.