fonctions de la nature matérielle.] qui accablent ses dévots. Ces mêmes regards, accompagnés de sourires affectueux, abondent en grâce.
Pareillement, le spiritualiste doit méditer sur le sourire plein de bonté du Seigneur, Sri Hari (l’un des innombrables Nom de Krishna), ce sourire qui, pour tous ceux qui s’inclinent devant Lui, assèche l’océan des larmes issues des plus intenses douleurs. Il doit encore méditer sur ses sourcils arqués que manifeste sa puissance interne en vue de charmer le dieu de la volupté pour le bien des sages.
Avec une dévotion pétrie d’amour et d’affection, le spiritualiste doit méditer du plus profond de son cœur sur le rire de Sri Visnu ; ce rire est si captivant qu’on peut facilement méditer sur lui, et lorsque le Seigneur Suprême rit ainsi, on peut alors voir ses petites dents, pareilles à des boutons de Jasmin teintés de rose par la splendeur de ses lèvres. Ayant voué son mental à cette méditation, le spiritualiste ne doit plus désirer voir autre chose.
En suivant cette voie, le spiritualiste développe progressivement un amour pur pour le Seigneur Souverain, Sri Hari. Dans le cours de son progrès sur la voie du service de dévotion, les poils de son corps viennent à se dresser sous l’effet d’une joie extrême, et il est baigné par un flot constant de larmes occasionnées par son amour intense. Graduellement, même son mental, dont il a usé pour attirer le Seigneur tout comme on attire un poisson à un hameçon, renonce à toute activité matérielle. Lorsque le mental se trouve ainsi parfaitement débarrassé de toute souillure matérielle et détaché de tout objectif matériel, il devient comme la flamme d’une lampe. Il s’unit alors véritablement au mental du Seigneur Suprême, et peut être perçu comme faisant Un avec Lui, étant libéré du flot des influences matérielles conjuguées. Dès lors situé au plus haut niveau spirituel, le mental se coupe de toute réaction matérielle et s’établit dans sa gloire propre, au-delà de toute conception matérielle de bonheur et de malheur. A ce moment, le spiritualiste réalise la vérité de sa relation avec Dieu, la Personne Suprême. Il découvre que les joies et les peines attribuées à son être propre, au même titre que leurs interactions, relèvent en fait du seul faux ego, qui est un produit de l’ignorance.
Parce qu’elle a retrouvé son identité réelle, l’âme parfaitement réalisée n’a pas conscience de la façon dont le corps matériel se déplace ou agit, pas plus qu’un homme enivré n’a vraiment conscience d’être vêtu ou non. Le Seigneur Souverain en personne se charge désormais du corps ainsi que des sens d’un spiritualiste libéré, de sorte que ses fonctions sont maintenues jusqu’à ce que son destin soit accompli. Le saint libéré, qui s’est éveillé à sa position naturelle et éternelle et se trouve ainsi établi en samadhi (l’extase spirituelle, la félicité spirituelle, la méditation constante sur le Seigneur Krishna), le plus haut niveau de perfection du yoga, ne voit plus les produits de son corps matériel comme siens. Il tient dès lors les activités de ce corps pour autant de manifestations d’un songe. Par affection profonde pour la famille et la richesse, on verra un fils ou de l’argent comme sien, et par affection pour le corps matériel, on considérera celui-ci de la même façon. Mais en vérité, de même que l’on