La science de Dieu, ou science du salut
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Les quatre groupes distincts de mécréants.

1) Les mudhas, ou ceux qui peinent comme des bêtes de somme, qui souffrent d'inintelligence chronique. Ils veulent jouir seuls du fruit de leurs actes, et ne l'échangeraient pour rien au monde, pas même pour l'Absolu. Ils ont pour symbole l'âne, personnification même de la bêtise. Ce pauvre animal peine jour et nuit, sans trop savoir pour qui. Il se contente d'un peu d'herbe pour tout salaire, dort dans la crainte d'être battu et cherche périodiquement à séduire l'ânesse, qui, à chaque fois, ne manque pas de lui décocher une ruade. Il lui arrive de chanter, ou même de philosopher, mais son braiment a pour seul résultat d'incommoder l'entourage. Telle est la condition de l'insensé qui ignore le but réel de ses actes, qui ignore que l'action, le karma, est pour le sacrifice, et ne peut donc agir que pour des motifs ridicules.

En général, ceux qui travaillent sans répit pour satisfaire des besoins qu'ils se sont eux-mêmes créés ne veulent pas entendre parler de l'immortalité de l'âme, « ils n'en ont pas le temps ». Ces mudhas ne vivent que pour le gain. Pourtant, ils ne jouissent pas même à part entière des bienfaits matériels périssables pour lesquels ils doivent fournir un effort si épuisant. Ils travaillent parfois plusieurs jours et plusieurs nuits sans dormir, se nourrissent mal, souffrent d'indigestion et d'ulcères à l'estomac, entièrement pris par leur service à des faux maîtres. Ignorant leur vrai maître, ils servent stupidement Mammon. Pour leur malheur, ils ne s'abandonnent jamais au maître absolu, maître de tous les maîtres, et ne prennent pas même le temps de s'enquérir de Lui à des sources autorisées. Comme le porc qui préfère la boue aux douceurs faites de sucre et de ghi, le matérialiste insensé dévore les faits divers à sensation, les magazines tape-à-l'œil et les nouvelles relatives aux fluctuations des énergies matérielles, tandis qu'il néglige entièrement la voie de la spiritualité.

2) Les naradhamas, ou « les plus déchus des hommes » (de nara: homme, et adhama: le plus bas). Parmi les 8 400 000 espèces vivantes, 400 000 sont humaines. Parmi ces dernières, plusieurs sont inférieures, pratiquement non civilisées. Est civilisé l'homme qui se soumet à certains principes, de vie sociale, politique et religieuse. Ceux qui évoluent sur le plan social et politique, mais négligent la spiritualité, méritent le nom de naradhamas. Or, il n'y a pas de vraie religion sans Dieu, puisque le but intrinsèque de toute religion est de connaître la Vérité Absolue et le lien qui nous y relie. Dans la Bhagavad-gita (le chant du Seigneur), Krishna, Dieu, la Personne Suprême, établit clairement qu'Il est cette Vérité Absolue, et que rien ni personne ne Lui est supérieur. L'homme civilisé est donc celui qui se donne pour devoir de raviver sa conscience spirituelle perdue, sa connaissance de la relation qui l'unit à l'Absolu, Sri Krishna, la Personne Suprême et Toute-puissante. Quiconque néglige ce devoir est qualifié de naradhama. Nous apprenons des Ecritures que l'enfant, dans le sein de la mère, prie Dieu qu'Il le libère de sa condition de fœtus, pénible à l'extrême, et Lui fait la promesse, en retour, de n'adorer que Lui. Il est bien naturel de prier Dieu aux moments difficiles, puisque tous les êtres Lui sont éternellement liés. Mais sous l'influence de maya, de l'énergie illusoire, l'enfant, dès qu'il est libéré du sein de la mère, oublie ses souffrances, et du même coup son sauveur.

Le devoir de ceux qui ont charge de l'enfant sera désormais de réveiller sa conscience divine assoupie. Dans la Manu-smrti, véritable guide de la vie spirituelle, dix méthodes de purification nous sont données, au sein du varnasrama-dharma (les quatre divisions sociales de la société humaine), pour raviver la conscience de Dieu. Mais aujourd'hui, nul n'observe plus rigoureusement aucun de ces principes, et par suite, la population terrestre, dans sa presque totalité, ne compte plus que des naradhamas. Et l'énergie matérielle, toute-puissante, rend vaine la science d'une telle civilisation. Dans la perspective de la Bhagavad-gita, le véritable érudit est l'homme qui parvient à voir d'un œil égal à la fois le sage brahmana, la vache, l'éléphant, le chien et le mangeur de chien. Cette vision est celle du pur dévot.

Sri Nityananda Prabhu, Avatar dans la figure du maître parfait, libéra les frères Jagai et Madhai, les parfaits naradhamas, montrant ainsi que la miséricorde du pur dévot s'étend même aux plus déchus. Et ce n'est qu'ainsi, par la grâce d'un dévot du Seigneur, que le naradhama, condamné par le Seigneur Lui-même, peut raviver sa conscience spirituelle. Sri Caitanya Mahaprabhu, en préconisant le bhagavata-dharma, l'action dévotionnelle, recommande que l'on écoute avec soumission le message du Seigneur Suprême. Or, la Bhagavad-gita constitue l'essence de ce message, et c'est seulement s'il l'écoute avec soumission que le naradhama peut se libérer; par malheur, les hommes déchus refusent même de lui prêter l'oreille; comment pourraient-ils dès lors s'abandonner à la volonté du Seigneur?

En un mot, les naradhamas négligent totalement le premier devoir de l'homme raviver sa conscience spirituelle et renouer le lien qui l'unit à Krishna.

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