En fait, la première ne peut agir qu'au contact de la seconde. À l'origine, l'énergie de Kṛiṣhṇa est spirituelle, mais elle agit de diverses façons, telle l'électricité qui peut servir à la réfrigération ou au chauffage selon ses diverses manifestations. L'énergie matérielle n'est autre que l'énergie spirituelle recouverte par un voile d'illusion, ou māyā. Par conséquent, l'énergie matérielle ne se suffit pas à elle-même dans l'action. Kṛiṣhṇa l'investit de son énergie spirituelle et elle peut alors agir, de même que le fer peut remplir la fonction du feu après avoir été chauffé par ce dernier. L'énergie matérielle peut agir uniquement lorsqu'elle est investie de puissance par l'énergie spirituelle.
Lorsque recouvert par le nuage de l'énergie matérielle, l'être vivant, lui aussi une énergie spirituelle de Dieu, la Personne Suprême, oublie tout de ce qui a trait aux activités de l'énergie spirituelle et considère tout ce qui se déroule dans la manifestation matérielle comme une merveille en soi. Cependant, celui qui s'absorbe dans le service de dévotion en étant pleinement conscient de Dieu et qui se trouve donc déjà situé dans l'énergie spirituelle, peut comprendre que l'énergie matérielle n'a aucun pouvoir indépendant ; toute activité qui se déroule est due au concours de l'énergie spirituelle. L'énergie matérielle, forme pervertie de l'énergie spirituelle, présente toute chose sous un jour dénaturé, provoquant ainsi des conceptions erronées et des dualités. Les hommes de sciences et les philosophes matérialistes, conditionnés par l'influence de la nature matérielle, supposent que l'énergie matérielle agit d'elle-même et ils se retrouvent frustrés tel celui qui, en proie à l'illusion, s'évertue à tirer du lait des appendices charnus semblables à des mamelles sur le cou des chèvres. Il est tout aussi impossible de réussir à comprendre la cause originelle de la création en avançant des théories nées de l'énergie matérielle que d'obtenir du lait de ces bouts de peau. Une telle entreprise est une manifestation d'ignorance. L'énergie matérielle de Dieu, la Personne Suprême, est appelée māyā ou illusion, car de deux manières (en produisant les éléments matériel et en suscitant la manifestation matérielle) elle rend l'âme conditionnée incapable de comprendre la pure vérité de la création. Toutefois, lorsque l'être vivant est libéré de l'existence conditionnée que lui impose la matière, il peut connaître les deux différentes actions de la nature matérielle, à savoir recouvrir et égarer.
Dieu, la Personne Suprême, est à l'origine de la création. La manifestation cosmique agit sous la direction du Seigneur Suprême, qui adjoint les trois attributs et modes d'influence de la nature matérielle ; vertu, passion et ignorance, à l'énergie matérielle. Agités par ces trois influences, les éléments fournis par l'énergie matérielle produisent toute une diversité de choses, de même que l'artiste crée des tableaux variés en mélangeant les trois couleurs rouge, jaune et bleu. Le jaune représente la vertu, le rouge, la passion, et le bleu l'ignorance. La diversité colorée de la création n'est donc que l'interaction de ces trois attributs, manifestés en quatre-vingt-une variétés de combinaisons. Illusionnée par l'énergie matérielle, l'âme conditionnée, éprise de ces quatre-vingt-une manifestations variées, désire la dominer, tout comme une mouche attirée par le feu. Cette illusion est le résultat certain de son oubli de la relation éternelle qui l'unit à Dieu, la Personne Suprême.