Le Seigneur dit : Le vrai renoncement est pratiqué celui qui renonce aux fruits de l'acte. L'homme peut goûter les fruits du renoncement par la simple maîtrise de soi, le détachement des choses de ce monde et le désintérêt à l'égard des plaisirs matériels. Là réside en fait la plus haute perfection du renoncement.
Le Seigneur Bienheureux enseigne :
Abandonner les fruits de tout acte, voilà ce qu'entendent les sages par ce mot, « renoncement ». Et ce que les grands érudits nomment « sannyasa » [renonçant], c'est l'état même de l'homme qui pratique ce renoncement.
Certains sages affirment que toute action intéressée doit être reniée, quand d'autres soutiennent que les actes de sacrifice, d'austérité et de charité ne doivent jamais être délaissés.
De Mes lèvres à présent écoute la nature du renoncement. Les Ecritures [les Védas, les saintes écritures originelles], distinguent en lui trois ordres.
On ne doit nullement renoncer aux actes de sacrifice, d'austérité et de charité : il faut les accomplir. En vérité, ces sacrifices, austérités et charités sanctifient même les grandes âmes.
Mais toutes ces pratiques, il faut les accomplir sans en attendre aucun fruit, seulement par sens du devoir. Telle est Mon ultime pensée.
Jamais on ne doit renoncer au devoir prescrit. De l'homme qui, sous l'emprise de l'illusion, le délaisse, on dit que son renoncement relève de l'Ignorance.
Et celui qui, par crainte, ou le jugeant pénible, se dérobe au devoir prescrit, on le dit dominé par la Passion. Jamais un tel acte ne saurait conférer l'élévation qui résulte du renoncement.
Mais celui qui accomplit le devoir prescrit pour la seule raison qu'il doit être accompli, sans aucun attachement pour les fruits de son acte, celui-là, son renoncement procède de la Vertu.
L'homme intelligent, établi dans la Vertu, qui ne hait l'action défavorable ni ne s'attache à l'action propice, n'éprouve aucun doute quant à l'agir.
Impossible, en vérité, est pour l'être incarné le renoncement à tout acte. Et donc, le vrai renoncement, on dira que le pratique celui qui renonce aux fruits de l'acte.
Le triple fruit des actes, désirable, indésirable et mixte, guette, après la mort, l'homme qui n'a pas pratiqué le renoncement. Mais le sannyasi [le renonçant] n'aura ni à jouir ni à souffrir d'un tel fruit.