qu'il se livre à une action charitable en ouvrant pour le bien matériel d'autrui des hôpitaux ou des établissements d'enseignement dispensant une instruction matérielle, mais il ignore que de telles entreprises sont également fautives, car elles ne lui permettront pas d'échapper au phénomène de la transmigration.
Les prétendus actes de vertu accomplis dans l'univers matériel peuvent permettre à leur auteur de renaître dans une famille noble ou sur les planètes supérieures, parmi les êtres célestes, mais de tels actes s'avèrent également fautifs car ils n'entraînent pas la libération. Le fait de naître dans un lieu agréable ou au sein d'une bonne famille n'implique en rien que l'on échappera aux tribulations matérielles, à la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort. L'âme conditionnée, subissant l'emprise de la nature matérielle, ne peut comprendre que toute action accomplie en vue du plaisir des sens est impure, et que seul le service de dévotion offert au Seigneur peut le libérer des suites de tels actes.
Ainsi, parce qu'elle ne met pas un terme à ses actes illicites, elle doit passer d'un corps à un autre, au sein d'espèces parfois élevées parfois les plus basses. L'univers matériel est un lieu d'où l'on ne peut s'échapper. Celui qui désire la libération doit orienter ses activités vers le service de dévotion. Aucune autre alternative ne s'offre à lui.
Logos 177
En vérité, l'âme incarnée et conditionnée est forcée d'agir sous la pression qu'exercent sur elle les trois gunas, les trois attributs et modes d'influences de la nature matérielle ; la vertu, la passion et l'ignorance. L'être spirituel individuel n'a aucune indépendance. Dès qu'il se livre à des activités matérielles en ayant l'impression de combler ses sens, il subit bel et bien l'envoûtement de la nature matérielle. Mais lorsqu'il se place sous la tutelle du Seigneur Souverain, il reste libre.
Chacun agit en fonction des influences matérielles particulières qui le conditionnent. On utilise le mot guna pour désigner les attributs de la nature. Ainsi, l'être subit l'emprise des gunas, mais se croit le maître de tout. Néanmoins, il suffit de se consacrer au service dévotionnel sous la direction du Seigneur Suprême ou de celui qui le représente (tel le maître spirituel serviteur de Dieu) de façon authentique pour écarter ce sentiment de possession illusoire.
Une âme conditionnée peut bien posséder une bonne nature et agir dans la vertu, mais elle demeure conditionnée, dominée par la nature matérielle. Le sage agit en tout sous la direction du Seigneur Suprême ; par conséquent, même si ses actes ne paraissent pas nécessairement les plus élevés aux yeux des hommes, il n'a pas à en porter la responsabilité et se trouve libre de tout karma.